Orental Spirits Meets Jazz
“Oriental Spirit Meets Jazz” est l’un des albums les plus représentatifs de Cairo Steps, et il pose les fondations de tout ce que le groupe développera ensuite avec Flying Carpet ou Dancing Buddha.
Label : Mazzika / Cairo Steps Productions
Année : 2016
Direction artistique : Basem Darwisch
Genre : Fusion orientale, Jazz ethnique, World music mystique
Contexte
Cet album marque une étape charnière dans la trajectoire de Basem Darwisch et de Cairo Steps. Après plusieurs collaborations éparses dans les années 2000, Oriental Spirit Meets Jazz se présente comme une déclaration d’intention esthétique : le désir de relier les traditions soufies, les improvisations jazz et la spiritualité orientale dans une même architecture sonore. Le projet réunit des musiciens égyptiens, allemands et autrichiens autour d’un même axe : faire dialoguer le oud, le ney et les percussions arabes avec le piano, la basse, le saxophone et la batterie, dans un équilibre où chaque monde garde sa couleur. 🎶
Structure
L’album s’ouvre sur “Flying Carpet Intro”, morceau aérien et modal qui installe immédiatement la tension mystique. Les percussions (tabla, riqq, daf) y tracent un espace rythmique mouvant que viennent habiter les improvisations du oud et du saxophone soprano. Suivent des titres comme “Sufi Groove”, “Desert Storm”, “Nostalgia” ou “Whirling Dervish”, tous baignés d’une lumière intérieure, entre transe rituelle et méditation. L’influence du jazz moderne (Miles Davis, Jan Garbarek, Rabih Abou-Khalil) est palpable, mais sans imitation : ici, le jazz ne vient pas “occidentaliser” l’Orient — il sert plutôt de langue commune, de canevas souple où le maqâm peut se déployer librement. On y entend également des passages vocaux inspirés de la poésie soufie, récités ou chantés, qui renforcent la dimension spirituelle du disque.
Instrumentation
Basem Darwisch (oud, composition, direction)
Matthias Frey (piano, harmonium, arrangements)
Max Klaas (percussions, vibraphone)
Amr Darwish (ney)
David Kuckhermann (frame drum, cajón, riqq)
Guest vocals sur certains titres : chœurs soufis égyptiens
Le mixage est ample, presque cinématographique : chaque instrument respire dans un espace acoustique naturel, rappelant les grandes productions ECM. L’oud dialogue sans heurts avec le piano, les flûtes glissent sur des nappes rythmiques subtiles — une fusion organique, jamais démonstrative. Oriental Spirit Meets Jazz n’est pas qu’un album de fusion : c’est une réelle expérience, un manifeste pour l’harmonie interculturelle. Darwisch y fait de la musique un terrain d’entente entre cultures et religions — un “langage de paix” selon ses mots. Le disque évoque la dérive du désert, la prière, la transe, mais aussi la modernité urbaine du Caire ou de Berlin. Il y a dans Oriental Spirit Meets Jazz une lenteur solaire, une forme d’équilibre suspendu entre la ferveur et la contemplation. L’oud de Basem Darwisch ne cherche pas à séduire, il raconte. Le piano s’y fait confident, le saxophone, parfois, messager. Ce qui frappe, c’est la clarté du dialogue : pas d’effets spectaculaires, pas de patchwork superficiel, mais une fusion qui respire, qui s’écoute comme on regarde un horizon s’élargir. À mesure que les thèmes se développent, la musique semble se déplier dans un espace intérieur — celui où les cultures cessent d’être des frontières pour devenir des couleurs. Oriental Spirit Meets Jazz n’est pas un album “du monde” au sens marketing du terme. C’est une école d’écoute. Une passerelle entre les pulsations du corps et les élévations de l’âme.
Favorites
Constantinople Palace Dance
Triomania
Oud Tasquim
Min Awel Lamsa