Red Garland’s Piano
Parmi les nombreux enregistrements que Red Garland a laissés pour le label Prestige, Red Garland’s Piano tient une place particulière. Sorti en 1957, il illustre parfaitement l’art du pianiste, entouré de ses complices habituels, Paul Chambers à la contrebasse et Art Taylor à la batterie. Ce trio, à la fois solide et souple, crée une dynamique idéale pour que Garland déploie son swing feutré et son élégance harmonique.
L’album s’ouvre sur Please Send Me Someone to Love, ballade tendre et délicatement phrasée, qui révèle tout le lyrisme de Garland. Mais c’est dans des morceaux comme Stompin’ at the Savoy ou If I Were a Bell que son style prend toute sa dimension : un usage fluide des block chords, une capacité à dialoguer avec la rythmique et un sens inné du tempo. On sent chez lui l’influence de Nat King Cole et Ahmad Jamal, mais aussi une personnalité bien affirmée, marquée par une simplicité jamais simpliste.
La force de cet album réside dans son équilibre : Garland n’y cherche pas la virtuosité démonstrative, mais construit chaque morceau comme une petite architecture claire et cohérente. La section rythmique apporte un soutien d’une finesse exemplaire : Chambers offre des lignes de basse souples, parfois chantantes, et Taylor insuffle juste ce qu’il faut d’énergie pour maintenir le swing sans jamais alourdir.
Red Garland’s Piano reste aujourd’hui une porte d’entrée idéale dans l’univers du pianiste. C’est un disque où l’on entend le piano jazz dans sa forme la plus pure : à la fois accessible et raffiné, chaleureux et inventif. Un album qui démontre que la grandeur peut aussi se trouver dans la retenue et la limpidité.
Favorites
Please send me someone to love
The very tought of you
I know why (And so do you)