Anouar Brahem
Anouar Brahem est un musicien et compositeur tunisien né le 20 octobre 1957 à Halfaouine, un quartier populaire de la médina de Tunis. Il est considéré comme l’un des plus grands maîtres contemporains de l’oud, le luth arabe traditionnel, et comme un artiste pionnier dans le croisement des musiques traditionnelles arabes avec le jazz, la musique de chambre, et les musiques du monde.
Parcours
Formation : Il étudie l’oud dès l’âge de 10 ans et se forme au Conservatoire de Tunis, puis auprès du maître Ali Sriti.
Séjour à Paris (1981-85) : Il s’y immerge dans la scène musicale occidentale et collabore avec des artistes de théâtre et de cinéma.
Retour à Tunis : Il devient directeur de l’Ensemble musical de la Ville de Tunis, où il modernise la scène musicale tunisienne.
Style musical
Anouar Brahem s’éloigne du cadre traditionnel de la musique arabe classique pour créer une musique très personnelle, souvent introspective, où le silence, les respirations, et les mélodies dépouillées ont une grande importance. Il est un artiste ECM, ce qui oriente déjà vers une esthétique raffinée, minimaliste, acoustique et souvent méditative.
Il collabore souvent avec des musiciens de jazz européens (Jan Garbarek, Dave Holland, John Surman),
des musiciens classiques (François Couturier) ou d’autres artistes méditerranéens.
Albums (ECM )
"Barzakh" (1991) – avec Béchir Selmi et Lassad Hosni, son premier album ECM : acoustique et ancré dans la tradition arabe.
"Conte de l'incroyable amour" (1992) – très poétique, avec des influences soufies et persanes.
"Madar" (1994) – avec Jan Garbarek (saxophone) et Ustad Shaukat Hussain (tabla).
"Thimar" (1998) – avec John Surman (saxophone) et Dave Holland (contrebasse), un sommet du jazz modal aux couleurs orientales.
"Le Pas du chat noir" (2002) – un trio de piano-oud-accordéon d’une grande délicatesse.
"Souvenance" (2015) – avec orchestre à cordes, marqué par la révolution tunisienne.
"Blue Maqams" (2017) – avec Jack DeJohnette, Dave Holland et Django Bates : une synthèse mature entre jazz et maqâm.
Réception
Sa musique touche un public international, bien au-delà des frontières du monde arabe. Elle est appréciée pour sa profondeur émotionnelle, son raffinement formel et son universalité silencieuse. Brahem ne cherche pas la virtuosité démonstrative, mais la densité poétique du timbre et du phrasé.