Jean-Paul Dessy
Inner Future, Musiques Nouvelles
Concerto Concreto, pour piano et cordes
Frank Braley, piano
Orchestre Royal de Chambre de Wallonie
Jean-Paul Dessy (né en 1963 à Huy, Belgique) est un compositeur, violoncelliste et chef d’orchestre belge. Directeur artistique de Musiques Nouvelles et de l’ensemble Arsonic, il explore les frontières entre musique contemporaine, spiritualité et expérimentation sonore. Son œuvre, à la fois méditative et incandescente, mêle rigueur structurelle et quête de transcendance. Il a collaboré avec de nombreux artistes visuels et chorégraphes, et dirige fréquemment les grandes formations belges. Dessy revendique une musique comme “voie d’unité entre l’intérieur et le monde”.
Concert n°1 : “Jean-Paul Dessy, Inner Future – Musiques Nouvelles@Flagey, Live 4k”, est issu d’une soirée « Musiques nouvelles » à Flagey, centré sur une œuvre intitulée Inner Future.
Concert n°2 : “Dessy, Jean-Paul – Concerto Concreto, pour piano et cordes – Frank Braley, piano – Orcherstre Royal de CHambre de Wallonie – Live 4K”, met en avant un concerto pour piano et formation de cordes.
Ces deux prestations se rejoignent sur l’exploration contemporaine — mais s’en distinguent par leur instrumentation, leur dramaturgie et leurs propositions expressives.
Concert n°1
Inner Future. Jean-Paul Dessy & Musiques Nouvelles
Inner Future semble vouloir repousser les limites sonores, mêlant textures, timbres et langages contemporains. On perçoit une volonté de révéler des mondes intérieurs, d’explorer des zones frontières entre silence et matière. Le concert joue beaucoup sur les contrastes : des moments minimalistes suspendus alternent avec des explosions collectives. Cela offre une dramaturgie plus directe et parfois plus impactante que dans le deuxième concert : Concerto Concreto. L’enregistrement valorise les détails, les résonances, et les moments de spatialité sonore (par exemple les silences, les micro-sons). Le public est parfois audible, avec son souffle ou ses réactions, ce qui accroît la sensation de présence. Certaines sections peuvent paraître abstraites, voire ésotériques, sans point d’ancrage mélodique évident. Pour un auditeur non familier des musiques contemporaines, certains passages risquent de perdre.
Concert n°2
Concerto Concreto, pour piano et cordes. Frank Braley & Orchestre Royal de Chambre de Wallonie
Le dialogue entre le piano de Frank Braley et l’orchestre à cordes (ORCW) est souvent fluide et net. Les interventions pianistiques ont du relief, et l’orchestre, bien équilibré, soutient sans écraser. La captation 4K met en valeur les subtilités dynamiques — les micro-variations, le jeu des nuances — qui seraient moins audibles dans une salle moins bien enregistrée. Le Concerto Concreto affiche une structure suffisamment lisible malgré les audaces contemporaines. Les transitions entre les passages plus lyriques et les segments plus énergiques tiennent, grâce à un souci de ligne directrice. On sent que le compositeur a su doser les moments de tension et de respiration. Le pianiste, dès les premières mesures, impose une présence : attaques claires, phrasés bien articulés, sens de l’urgence dans les pointes, mais aussi retenue dans les moments introspectifs
Le Concerto Concreto est globalement plus « accueillant » : même si moderne, il offre des repères (piano solo, forme concerto) qui guident l’auditeur. Inner Future, au contraire, pousse plus loin l’expérimentation — avec les risques que cela comporte. Inner Future est peut être plus percutant émotionnellement dans plusieurs passages, grâce à ses contrastes et son sens de la surprise. Le Concerto Concreto séduit par sa constance et son intelligence d’écriture, mais sans certains moments de « coup de poing ». Dans les deux cas, le niveau technique est élevé, la captation excellente — ce qui est primordial pour ce genre de musique contemporaine. L’orchestre et les solistes montrent une belle maîtrise.