Middle East Camel
A la croisée des traditions musicales du Moyen-Orient, de la Perse, du Maghreb, de la Méditerranée orientale et des Balkans, cette playlist est une traversée lente et méditative de l’Orient intérieur.
Entre sable et cordes tendues
Les morceaux réunis sont des haltes sur une route ancienne, des gestes de mémoire et de prière. Chaque pièce agit comme un horizon sonore, une porte sur l’ailleurs, mais aussi sur un dedans plus vaste.
Abaji est le tisseur de cette trame : entre oud, bouzouki, ney, il mêle l’intimité méditerranéenne à la dérive mystique. “Ararat”, “Valley of Sand”, “Amour infini” : autant de morceaux qui évoquent le chemin, la perte, la contemplation.
Omar Faruk Tekbilek porte l’élan soufi et la fougue rituelle. Dans “Sufi”, “Whirling Dervish” ou “Ara’ya”, la musique tourne comme un derviche, vers le haut, vers l’intérieur. C’est une ivresse lente, une danse qui devient prière.
Le Trio Joubran apporte la noblesse mélodique du oud palestinien, avec cette gravité suspendue, cette langue du silence. “Nawwâr”, “Roubbama” ou “Carry the Earth” (avec Roger Waters) sont des élégies sans fin, des appels à la paix impossible.
M.R. Shajarian, voix mythique d’Iran, incarne la poésie chantée, l’élévation par le verbe. Ses morceaux ici sont des rites de passage, pleins de lenteur, d’ornement, d’un temps musical qui ignore la hâte.
Mahsa Vahdat, Kayhan Kalhor, Renaud Garcia-Fons, Mercan Dede : ils enrichissent cette mosaïque avec des timbres rares, des structures fluides, des respirations libres. Il y a chez eux une conscience du sacré, mais jamais écrasante — plutôt murmurée, offerte.
C’est une suite de seuils, de silences fertiles et de lenteur sacrée.