Soviet Supreme
Playlist ancrée dans les chants populaires d’Europe de l’Est, où se croisent folklore, musique tzigane, chants révolutionnaires, nigunim hassidiques et romances russes ou moldaves. C’est une musique d'exil et de fierté, de douleur chantée à pleine voix, de nostalgie communautaire et de force collective.
Nigunim hassidiques (chants spirituels juifs sans paroles) : Brave Old World
Romance russe : Ivan Rebroff, Zhana Karpenko
Chants militaires et patriotiques soviétiques : Chœur de l’Armée Rouge (Alexandrov)
Musique tzigane et klezmer contemporaine : Sergei Erdenko, Oleg Ponomarev, Loyko
Folk balkanique et moldave : Loyko, Siberian Gypsies
Chants révolutionnaires repris (Bella Ciao)
Musique de théâtre populaire russe et d’exil : Otoydi Ne Glyadi, Maestro Menuhin
Mémoire chantée de l’Est
Voyage sonore à travers l’Europe de l’Est, du shtetl juif aux steppes russes, des tavernes moldaves aux chœurs militaires soviétiques. La pièce Khsidishe Nigunim de Brave Old World ouvre la sélection comme une incantation, un chant sans mot venu du monde hassidique : des mélodies tournées vers l’extase mystique. À l’opposé stylistique mais dans la même intensité, le Chœur de l’Armée Rouge (Alexandrov) interprète The Red Army Is the Strongest ou Bella Ciao avec une force martiale impressionnante, presque cinématographique. C’est l’image sonore d’un empire qui se veut inébranlable – mais qui laisse aussi passer dans ces voix une nostalgie étrange et une mélancolie collective.
Avec son timbre unique, Ivan Rebroff (d’origine allemande, mais voix russe par excellence) incarne une certaine idée romantique du chant russe : large, plein, lyrique. Kalinka, Les bateliers de la Volga, Otschi Tchornia sont devenus des icônes musicales autant qu’émotionnelles — ils chantent la grandeur perdue, l'amour dévastateur, et la puissance populaire.
Avec Loyko, Sergei Erdenko, Siberian Gypsies ou Oleg Ponomarev, le violon devient la voix d’un peuple errant, qui a souffert et dansé sans interruption. Ce sont des morceaux qui pleurent en souriant, des musiques de fête et de deuil mêlés. Moldova, Smelka, ou Probil Vanyka Lion évoquent les mariages en bois, les routes sans fin, les cabarets poussiéreux.
Ces morceaux ne racontent pas l’histoire officielle mais plutôt les marges. Celles des juifs d’Odessa, des paysans de la Volga, des soldats soviétiques perdus, des nomades, des résistants. On y entend la résilience culturelle, la foi sans dogme, le destin commun.