Strange Blues
Creuset hypnotique et viscéral du blues dans ses formes les plus libres. Cette playlist puise dans les racines afro-américaines du blues, les sons du bayou, la parole contestataire et les expérimentations modernes.
Swamp blues : Dr. John, Smokehouse, John Campbell
Protest blues & spoken word afro-spirituel : Mighty Mo Rodgers, Swamp Dogg
Blues alternatif : Baba Blues, John Martyn, Bror Gunnar Jansson
Gospel moderne : Eric Bibb, Maria Muldaur, Rory Block
Électronica roots : Kid Koala
Blues grec (rembetiko) : Pavlos Sidiropoulos
Jazz-blues de chambre : Jon Batiste
Elle commence dans les bayous avec John Campbell (Way Down in the Hole) ou Dr. John (Gris-Gris Gumbo Ya Ya), figures du blues vaudou, incantatoires, sauvages, presque chamaniques. La guitare n’est pas ici un instrument de solo — c’est un couteau, un cri, une offrande. Smokehouse et Cadillac in the Swamp poursuivent dans cette veine : ce blues est lent, sale et dangereux.
Avec des titres comme Took Away the Drum, Run Brother Run, White Man’s Burden, ou Unmarked Grave, Mighty Mo Rodgers crée un blues plus intellectuel et prophétique, qui mêle récit, colère et transcendance. Il convoque les corps et les esprits opprimés, en s'inscrivant dans la continuité du griot et du preacher.
Baba Blues, groupe suédois, est le cœur sonore discret de cette playlist. Avec des titres comme Tao, Ah, Kvinna..., Walk On ou Gåshud, ils proposent un blues méditatif, épuré, où les textes sont poétiques, souvent en suédois, et les guitares circulent comme un souffle. C’est du blues éclairé, lent, viscéral, très intérieur.
Des figures plus modernes ou décalées prolongent ce climat. Kid Koala, dans 9 Bit Blues, déconstruit les codes du blues en l’envoyant dans une boucle électronique fragile. Jon Batiste, avec sa reprise spirituelle de Für Elise de Beethoven, donne un point final aérien, presque comme une bénédiction. Cette sélection est une descente dans un blues profond mais mystérieux…