Echo Collective
Echo Collective est un ensemble belge basé à Bruxelles, fondé par Neil Leiter (alto) et Margaret Hermant (violon/harpe) ; tous deux musiciens classiques de formation. Leur vocation est de « créer, collaborer, classiquement » — mais cette mention cache en réalité une ambition bien plus vaste : l’ouverture du répertoire classique à des formes, des influences et des sonorités contemporaines, tout en gardant une rigueur instrumentale.
Genèse
Echo Collective s’est tout d’abord fait remarquer par ses collaborations avec des figures majeures du « post-classique » ou de la musique d’atmosphère : A Winged Victory for the Sullen, Jóhann Jóhannsson, Joep Beving, mais aussi dans des champs plus « pop/rock » ou « électro » via des ré-arrangements d’albums de Radiohead ou Erasure. Par exemple, leur album Echo Collective Plays Amnesiac (2018) revisite l’album Amnesiac de Radiohead, combinant respect de la structure originelle et ré-imagination instrumentale. Puis, ils ont progressivement produit leur propre matériel : l’album The See Within (2020) témoigne de cette mutation. En 2024, l’EP Mirror Image confirme leur démarche d’exploration entre instruments classiques, technologie immersive et environnement sonore.
Style
« Post-classique », « nouvelle musique de chambre contemporaine », voire « ambient instrumentale de haute tenue » sont quelques-uns des qualificatifs employés. Par exemple, un critique note que The See Within « … n’est pas simplement électronique mais a été entièrement produit acoustiquement, tout en évoquant une impression d’électronique ». Ce qui caractérise l’ensemble : Une instrumentation de chambre traditionnelle (cordes, harpe, piano/variantes) mais envisagée de façon expérimentale : utilisation d’un piano à résonateur magnétique (Magnetic Resonator Piano) dans The See Within, une démarche d’arrangements trans-genres : prendre un album de rock ou de pop et le traduire en musique de chambre contemporaine (amplifiant, modifiant le timbre, l’espace, la densité sonore), une conscience forte de l’espace acoustique et de l’immersion : dans Mirror Image, l’usage de systèmes 4D-Sound, Wave Field Synthesis et d’enregistrements en lieux choisis (bibliothèque historique, église, studio…), une esthétique qui oscille entre le contemplatif, l’atmosphérique et le presque cinématographique : textures longues, glissandi de cordes, silence travaillé, timbres fragiles et intimes, mais aussi moments de densité.
Echo Collective apporte plusieurs éléments d’intérêt pour tout amateur de musique contemporaine et de crossover classique :
Qualité instrumentale : les musiciens sont formés au Conservatoire, et l’on ressent, même dans les contextes les plus expérimentaux, une exigence de jeu, d’articulation, de nuance.
Originalité et audace : revisiter un album de Radiohead ou s’engager dans un format immersif ne sont pas des démarches habituelles pour un ensemble de chambre « classique ». Le pari est pris et globalement tenu.
Hybridation des publics : l’ensemble crée un pont entre amateurs de classique, amateurs d’ambient/post-rock/électronique et un public peut-être plus large, attiré par la dimension « réécriture ».
Lieu et espace comme facteurs composant : le fait d’enregistrer dans des lieux chargés (église, bibliothèque) ou d’utiliser des systèmes d’immersion sonore valorise l’expérience auditive au-delà de la simple écoute sur casque.
Évolution interne : passer de l’interprétation (réarrangements) à la création de leur propre répertoire est un signe de maturité artistique.
Echo Collective est une des formations les plus captivantes à émerger ces dernières années dans le champ de la « musique classique » redéfinie. Basés à Bruxelles, Neil Leiter et Margaret Hermant ont fédéré des musiciens classiquement formés autour d’un projet ambitieux : celui de décloisonner les traditions, d’ouvrir l’instrument de chambre à la technologie, à l’espace, à la ré-écriture et à la création située.
L’un des mérites majeurs de l’ensemble est d’avoir su conjuguer sérieux académique et audace expérimentale. Le soin apporté aux timbres (violons, harpe, piano à résonateur magnétique…), à l’enregistrement et à l’agencement spatial (lieux choisis, systèmes immersifs) montre une vraie recherche esthétique. L’EP Mirror Image en est la manifestation la plus récente, et pour moi la plus aboutie à ce jour : cinq pièces qui mêlent délicatement intimité instrumentale, architecture sonore et force d’évocation. Le critique de V13 parle de « soundscapes hypnotiquement enveloppants ».
En concert, on sent que l’expérience ne se limite pas aux notes mais plutôt à un univers ». Le public n’est pas seulement spectateur : il est immergé, entouré, parfois déplacé. Le programme de leur passage à Liège en novembre 2025 indique qu’ils explorent « Modern Classical » et des œuvres comme 12 Conversations de Jóhannsson, soulignant leur rôle de passerelle entre le passé et l’a-venir. Cependant, cette ambition peut aussi se heurter à ses limites. Pour l’auditeur qui attend une mélodie facilement mémorable, un thème immédiatement identifiable ou un « hook » populaire, la musique d’Echo Collective demande un peu d’effort, d’abandon. Le plongeon dans la texture, l’espace et la durée récompense, mais n’est pas « clé en main ».