Rembetiko Blues

Cette playlist a une identité ancrée dans les traditions méditerranéennes orientales du rébétiko. Le Rébétiko est un styme de chanson populaire grecque du début XXe siècle, issue des marges sociales, souvent considérée comme le « blues du Pirée ».

Rébétiko, chants de la rive orientale

Le Rembetiko est une ode aux ruelles du port, aux bouzouki tristes et aux danses lentes dans la fumée des tavernes Greques. Cette musique née dans les bas-fonds d’Athènes, de Smyrne et du Pirée au début du XXe siècle, chantée par les réfugiés d’Asie Mineure, les marginaux, les amoureux trahis, les opprimés.

Les grandes voix de la mémoire grecque

  • Stavros Xarhakos, compositeur immense, tisse une trame musicale ample et élégiaque. Son œuvre passe du rébétiko pur (Kegome Kegome, Stou Thoma) à des formes presque symphoniques (Prologos, Hora, Lamento for the Refugees), dignes d’une bande-son méditerranéenne mythologique. On y entend l’histoire d’un peuple, d’un continent, d’une douleur qui persiste mais se chante.

  • À ses côtés, la voix bouleversante de Nikos Dimitratos, la présence chaleureuse de Sotiria Leonardou, et les couleurs instrumentales orientales de Thodoros Polikandriotis nous plongent dans une Grèce plurielle, où se croisent le byzantin, l’ottoman, et le populaire.

  • Çiğdem Aslan, avec sa voix grave et contenue, porte le répertoire rébétiko en grec et en turc. Elle est l’une des rares artistes contemporaines à chanter les deux rives de l’Egée avec autant d’authenticité. Ses morceaux (To Dervisaki, S’agapo) dégagent une mélancolie sans pathos, une élégance âpre.

  • Thessia Panayiotou, dans les pièces orchestrées par Costas Ferris, s’élève dans une dimension plus cinématographique encore — à la lisière du théâtre musical et du chant funèbre moderne.

  • Miquel Gil et Abaji, quant à eux, introduisent des respirations venues d’Espagne, du Liban, de la Méditerranée intérieure. Ce sont des voix sans nationalité fixe, chantant des rituels perdus ou retrouvés.

  • Apodimi Kompania – Le rébétiko en diaspora Ce groupe australo-grec incarne à lui seul l’idée de transmission en exil. Avec des titres comme Armenitsa, Azizies ou E Re Ntounia Prodoti, ils rejouent, dans un style fidèle mais jamais figé, le répertoire traditionnel du rébétiko, en l’ancrant dans un contexte diasporique : ce n’est plus la Grèce de 1930, mais celle qui survit à Melbourne ou Londres, sans rien perdre de sa colère ni de son rythme.

Une musique qui danse dans les larmes

Cette musique est une tension constante entre la plainte et la fête. On y pleure sans faiblir. On y danse avec une tristesse fière. C’est une musique de l’entre-deux : entre l’Orient et l’Occident, entre le sacré et le profane, entre la douleur et le désir de vivre.

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