One way… or another

Après un premier album éponyme qui avait imposé d’emblée Cactus comme l’un des groupes les plus bruts et sauvages du hard-blues américain, la formation revient en 1971 avec One Way… or Another. Deuxième disque en seulement un an, il confirme l’urgence et la vitalité du projet, tout en donnant davantage d’espace aux musiciens pour développer leur jeu et explorer une puissance encore plus assumée. Là où le premier album sonnait comme un coup de poing frontal, ce second opus élargit le champ sonore et met en évidence la cohésion d’un quatuor à l’énergie phénoménale.

Le morceau-titre, One Way… or Another, lance l’album sur les chapeaux de roue. Plus de cinq minutes d’un hard-blues rugueux, porté par la basse bulldozer de Tim Bogert et la frappe volcanique de Carmine Appice. La guitare de Jim McCarty, incisive et sauvage, impose un riff implacable, tandis que la voix rauque de Rusty Day sculpte l’espace avec une hargne contagieuse. Dès les premières secondes, on comprend que Cactus ne cherche pas à séduire : il veut conquérir par la force, comme un train lancé à pleine vitesse.

Fureur et groove

L’album enchaîne avec Rock ’n’ Roll Children, un titre plus court mais tout aussi énergique, qui réaffirme les racines blues du groupe dans un cadre hard rock en pleine explosion. La section rythmique Bogert-Appice est ici au sommet de sa complémentarité : l’une des plus solides et explosives de l’époque. Big Mama Boogie, Parts 1 & 2 marque une audace particulière : une longue plage blues-rock de plus de sept minutes, découpée en deux segments, où le groupe se permet des improvisations brûlantes. Rusty Day y apparaît comme un conteur rugueux, entre cri primal et chant de tavernier, tandis que la guitare de McCarty tisse des solos incandescent, héritiers directs de la tradition blues mais propulsés dans une sphère beaucoup plus électrique et violente. 

Héritage

One Way… or Another n’a pas eu le succès commercial d’un Led Zeppelin II ou d’un Paranoid de Black Sabbath, sortis à la même période. Mais il reste un témoignage précieux de ce moment charnière où le blues rock s’est mué en hard rock, flirtant déjà avec ce qui allait devenir le heavy metal. L’album est resté culte auprès des amateurs de rock musclé, et de nombreux groupes stoner ou hard-blues actuels revendiquent son influence.

Avec One Way… or Another, Cactus livre sans doute son disque le plus abouti : un concentré de rage, de virtuosité et d’énergie brute, où chaque titre sonne comme un défi lancé aux oreilles trop sages. Certes, le groupe n’a jamais eu la reconnaissance planétaire de ses contemporains, mais cet album, dense et incandescent, demeure une pièce essentielle du puzzle rock des années 70. Pour qui veut comprendre les racines du hard rock américain, Cactus reste un passage obligé – et One Way… or Another en est la preuve éclatante.

Favorites

Big Mama Boogie (Pts 1-2)

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