Sainkho Namtchylack
Sainkho Namtchylak est une chanteuse, compositrice et artiste vocale née en 1957 dans un village reculé de la République de Touva, en Sibérie, près de la frontière mongole. Elle est mondialement reconnue pour sa maîtrise du khöömei, le chant diphonique traditionnellement réservé aux hommes dans sa culture, et pour son approche expérimentale mêlant musique traditionnelle, jazz, avant-garde, électronique et improvisation libre.
Formation
Fille d'instituteurs et petite-fille de nomades, Sainkho découvre la musique grâce à sa grand-mère, qui lui transmet des chants traditionnels. Malgré les interdictions culturelles pesant sur les femmes pratiquant le chant de gorge, elle étudie secrètement cette technique. Elle poursuit des études musicales à Kyzyl, puis à Moscou, où elle intègre l'Institut Gnessine. Sa thèse porte sur les musiques rituelles lamaïstes et chamaniques de Sibérie, reflétant son intérêt pour les traditions spirituelles de sa région.
Carrière
Dans les années 1980, elle rejoint l'ensemble folklorique Sayani, puis le groupe expérimental Tri-O à Moscou, avec lequel elle explore l'improvisation vocale. En 1991, elle s'installe à Vienne, en Autriche, et entame une carrière internationale. Elle collabore avec des artistes tels que Evan Parker, Ned Rothenberg, Huun-Huur-Tu et le Moscow Composers Orchestra. Son répertoire comprend plus de 30 albums, dont Out of Tuva (1993), Naked Spirit (1998), Stepmother City (2001), Who Stole the Sky? (2003), Cyberia (2010) et Like a Bird or Spirit, Not a Face (2015), ce dernier en collaboration avec des membres du groupe Tinariwen.
Style
Sainkho est célèbre pour son registre vocal exceptionnel de sept octaves et sa capacité à fusionner des éléments variés : chants traditionnels de Touva, jazz, musique contemporaine, sons électroniques et improvisations vocales. Son travail est souvent comparé à celui de Björk ou Yoko Ono, mais elle conserve une identité artistique unique, profondément ancrée dans les traditions sibériennes et chamaniques. Sainkho Namtchylak est aujourd'hui considérée comme une figure majeure de la musique expérimentale et de la scène world, incarnant un pont entre les traditions ancestrales de l'Asie centrale et les formes musicales contemporaines.